L’escalade plaît et sa pratique est en plein boom sur tous les terrains de jeux. Quid d’en faire son métier ? Car ce rapide développement s’accompagne automatiquement d’opportunités d’emploi. Motivé(e) ? De la passion à la professionnalisation, on vous donne toutes les clefs pour, enfin, sauter le pas.
Le climat anxiogène de ces derniers temps, l’enfermement et le basculement soudain vers une précarité de l’existence, ont amené certains d’entre nous à se remettre en question. Pour vivre mieux, plus fort, plus vrai.
Déménagements, évolution dans les modes de vie, ré-orientation : suite à la pandémie, la période a été révélatrice de grands changements. Certains sont encore en pleine introspection, d’autres ont décidé de suivre de plus près leurs passions. Parallèlement, l’escalade, activité en plein boom depuis plus d’une décennie, fait de plus en plus d’adeptes accrocs tantôt aux grands espaces, tantôt à la beauté de la souplesse habile, aussi bien mentale que corporelle, que la pratique prescrit.
L’essor de l’escalade rime avec un marché en tension : les besoins d’emplois sont grandissants et dans un secteur connaissant une forte implication du bénévolat, la pratique suscite de nombreuses affections entraînant par conséquent un besoin de se professionnaliser.
Faire de son appel pour l’escalade une véritable vocation n’est pas un rêve lointain : de la simple activité épisodique à la carrière, que ce soit en qualité d’encadrant(e) ou d’ouvreur(e), la FFME propose un panel de formations professionnalisantes.
S’il fallait résumer, il existe aujourd’hui deux types de cursus : Le CQP et le DE.
Le CQP ou Certificat de Qualification Professionnelle, est un diplôme permettant de faire reconnaître les compétences et savoir-faire nécessaires à l’exercice d’un métier.
Les CQP chapeautés par la FFME sont reconnus par le code du sport et peuvent être une porte d’entrée intéressante et accessible aux métiers de l’escalade : des plages de formation étalées et un volume horaire peu contraignant, permettent ; parfois même en profitant d’une Validation des acquis (VAE) ; d’accéder à des premiers emplois en alternance ou sur le temps libre.
Le DE (Diplôme d’état), quant à lui, est plus exigeant. Que ce soit en termes de compétences requises que de volume horaire en formation, il requiert une implication plus soutenue mais permet d’exercer à plein temps.
2 cursus : le CQP et le DE
Quelques soient vos envies ou votre profil, voilà un tour d’horizon des possibilités :
« Je suis passionné(e) d’escalade et je veux former le public à la grimpe à côté de mon activité à plein temps, de mes études... »
Il semblerait que le CQP AESA (Animateur escalade en structure artificielle) soit fait pour vous.
Parfaitement adapté à l’ouverture sur un premier emploi, accessible à partir de 16 ans, le CQP AESA ne permet cependant de n’encadrer qu’en structures artificielles et autorise une activité d’encadrement en travail partiel correspondant à un volume horaire de 360 heures maximum par an. Au-delà, l’employeur doit permettre au professionnel titulaire du CQP, par le biais d’une formation continue, une autre certification (d’un niveau supérieur à celui du CQP).
Cette formation se prépare sur 6 mois en fractionné : 161 heures en centre de formation et 105 heures en alternance au sein d’une structure. Le niveau minimum requis en escalade est 6b en tête et 5c en bloc. Le candidat doit valider 4 unités de compétences pour être admis. Cependant, si vous ne réussissez pas du premier coup, pas de panique ! Vous serez admis partiellement et pourrez repasser les UC manquantes l’année suivante.
La formation CQP, tout comme le DE, est accessible aux personnes en situation de handicap, et sera aménagée en accord avec la branche professionnelle du sport.
Le budget à prévoir se situe aux alentours de 2500€ souvent finançable tout ou partie (employeur, Pôle emploi, certaines régions ou dans le cadre du CPF.)
Enfin, Les candidats pouvant justifier d’au moins 1607 heures d’expérience professionnelle ou bénévole en rapport avec le CQP ou qui auraient obtenu certaines qualification(s) en escalade peuvent acquérir certains blocs de compétences du CQP par validation des acquis ou équivalence.
« Je suis féru(e) d’escalade, j’ai déjà une expérience d’encadrement et j’ai envie de transmettre mes compétences à plein temps. »
Il s’agit alors de se préparer pour le diplôme d’état. Il existe deux branches pour le milieu de l’escalade : le DE « milieux naturels » et le DE « entraînement » spécialité perfectionnement sportif mention escalade, auquel nous allons nous intéresser plus en détail.
L’obtention du DE « entraînement » requiert une année de formation à plein temps, soit 1200 heures divisées en 600 heures de formation et 600 heures en alternance.
Il s’agit d’être à l’aise sur du 6c/7a en voie et 6b en bloc pour les hommes, et de maîtriser du 6b/6c en voie et 6a en bloc pour les femmes. Des tests techniques et un entretien de positionnement attestant, entre autres, de la pertinence du projet professionnel, viennent entériner l’obtention du diplôme.
Ce cursus a un coût de 9000€ environ, toujours avec la possibilité de le faire financer.
"J’avais envie d’enseigner ma passion", Isabelle, instructrice, DEJEPS Escalade
« Je suis grimpeur(se) chevronné(e), mais je n’ai pas forcément d’inclination pour la pédagogie. Mon truc c’est plutôt la créativité. »
Vous êtes amoureux/se de la beauté du geste et avez une inclinaison créative ? Le métier d’ouvreur(e) pourrait vous aller comme un gant.
Jusqu’à ’il y a peu, l’activité d’ouvreur(e) était voilée par un vide juridique, et non reconnue officiellement. La FFME a mis en place un cursus spécifique, répondant au besoin toujours croissant de professionnels et à la nécessité d’encadrer cette profession nécessaire mais jusque-là, officieuse.
Le CQP « technicien des équipements d’Escalade » propose deux options : SAE (structures artificielles d’escalade) et SNE (sites naturels d’escalade). Ce dernier est en cours de développement par la FFME, mais le CQP TEE option ouverture et maintenance des SAE a connu sa première session l’an dernier.
Passés les tests techniques préalables, 120 heures en centre de formation assorties d’une section pratique de 140 heures en structure d’accueil sous tutorat, permettent, à leur terme, d’accéder aux évaluations afin de valider le diplôme. Il s’agit de valider 4 blocs de compétences (BC1 : Travailler en hauteur ; BC2 : Conduire une nacelle élévatrice ; BC3 : Assurer le contrôle et la maintenance d’une SAE et gérer un parc de matériel ; BC4 : Ouvrir des passages en bloc et en voie).
Le coût pédagogique de ce cursus s’élève à 2640€ (souvent finançable tout ou partie).
"Selon moi, le point clé, c'est l'adaptabilité", Antoine, ouvreur, CQP TEE option SAE
Maintenant que vous avez trouvé votre voie, qu’espérer des débouchés liés à ces formations ?
Entre 2018 et 2020, le taux de réussite au diplôme du CQP AESA via les formations fédérales est de 81 % (diplôme acquis en totalité) avec un taux d’insertion professionnel de 90% des diplômés à la clé. Le DE a un taux de réussite complète de 75% et un très bon taux d’insertion de 96%.
Le tout nouveau CQP TEE a totalisé un score de 71% de réussite pour la première session (hors abandons). Récent, il ne permet donc pas d’avoir assez de recul pour calculer le taux d’insertion professionnelle qui parait cependant extrêmement prometteur aux vues de la demande d’ouvreur(e)s professionnel(le)s qui monte en flèche, évidemment assortie de salaires très confortables au vu du manque de professionnels qualifiés.
Ils racontent leur diplôme…
Isabelle, instructrice, DEJEPS Escalade
Pourquoi avoir choisi d’entamer cette formation ?
C’était une ré-orientation professionnelle. J’avais envie d’enseigner ma passion.
Est-ce le plus important, selon vous, la notion de pédagogie ?
C’est très important surtout si l’on veut enseigner dans un club. C’est même incontournable : c’est avant tout de la transmission. C’est une des raisons pour lesquelles j’ai choisi de travailler en club FFME ensuite, l’autre étant d’avoir la possibilité de travailler sur toutes les facettes de l’escalade.
C’est la grande différence avec le secteur privé selon vous ?
Oui, c’est ce que l’on m’avait dit en amont et ça s’est vérifié : dans un club, on touche à tous les aspects de la vie associative et à toutes les facettes de l’escalade. C’est formateur, c’est la meilleure des écoles !
Que conseilleriez-vous à de futurs prétendants à ce diplôme ?
Justement de bien s’ouvrir à toutes les facettes de l’escalade et de la vie des clubs. Et bien avoir en tête les questions de sécurité dans la pratique !
Antoine, ouvreur, CQP TEE option SAE
Qu’est ce qui t’a amené à candidater pour cette formation ?
Étant déjà moniteur d’escalade, je connaissais le responsable de formation, et en discutant avec des collègues, je me suis lancé dans le CQP TEE. J’aime beaucoup bricoler, tenir une visseuse, et du coup, ça me correspondait vraiment bien.
Quelles sont selon toi, les valeurs importantes de ton métier ?
De toutes les facettes de mon métier d’ouvreur, ce que je valorise particulièrement c’est le côté « pédagogique ». L’idée de créer des séquences adaptées aux enfants, aux différentes catégories de pratiquants et de les aider à progresser selon les perspectives d’ouvertures. Je travaille en club et même s’il m’arrive d’ouvrir quelques voies en extérieur pour mon plaisir personnel, j’aime surtout utiliser mes capacités pour transmettre aux autres et leur permettre d’avancer dans leur pratique.
Quels conseils pour les futurs candidats ou ceux qui envisagent la formation ?
Selon moi, le point clé, c’est l’adaptabilité. C’est hyper important de savoir être flexible et de répondre aux différences exigences qui se présentent, que ce soit dans le cadre de missions avec des partenaires, ou savoir travailler en salles, en clubs, et pour des publics variés.
Qu’il s’agisse de partager et léguer ses compétences d’apprentissage en club pour voir grandir les champions de demain ou de façonner les parcours pour challenger les grimpeurs en herbe ou plus expérimentés, de votre passion pour l’escalade à un métier qui correspond à toutes les valeurs qu'elle porte, il ne pourrait donc n’y avoir qu’un pas. Si ce tour d’horizon des formations vous a donné envie d’aller plus loin, de plus amples informations sont disponibles sur le site de la ffme aux adresses suivantes :