Comme suggéré par son nom et confirmé par son histoire, la Fédération française de la montagne et de l’escalade est une fédération multi-activités. Depuis sa genèse en 1942, elle a toujours tenu à préserver cette richesse, qui depuis cette année troublée par la crise sanitaire se révèle une véritable force. En 2020, la multi-activités a permis aux adhérents de poursuivre leur pratique de la montagne et de l’escalade, en s’initiant et se perfectionnant dans la diversité des activités fédérales. L’occasion d’un coup de projecteur sur la Bourse multi-activités, qui soutient depuis 5 ans les clubs désireux de proposer un plus large éventail de pratiques à leurs licenciés.
La multi-activités définit toutes les activités de la FFME autre que l’escalade en structure artificielle. Elle est depuis des années considérée comme l’un des leviers du développement qualitatif d’un club, car elle permet de répondre aux intérêts divers et variés des adhérents et de renouveler les motivations en faisant découvrir de nouveaux horizons. Depuis la crise sanitaire, cette multi-activité est même devenue salutaire pour les licenciés. « Diversifier les formes de pratiques dans les clubs est nécessaire, d’autant plus quand les gymnases sont fermés depuis près d’un an », affirme Françoise Ducoeur, vice-présidente de la fédération, en charge du développement de la multi-activités.
Depuis l’Olympiade 2013/2017, elle pilote un groupe de groupe de travail dédié au développement de la multi-activités. Plusieurs axes de développement ont depuis été abordés : la formation par le biais des ligues, l’évènementiel autour de rassemblements organisés par les comités, ligues ou la fédération elle-même, le jumelage inter-clubs, le soutien d’équipes régionales, ou encore la bourse multi-activités. Inspirée du modèle des bourses « expé » ou bourses SNE, cette dernière a vu le jour en avril 2016, avec le lancement du premier appel à projets. « A cette époque, la bourse multi-activités était ouverte aux clubs, Ligues et CT, mais très vite nous avons réalisé que les clubs avaient un besoin accru de ce soutien particulier, précise Françoise Ducoeur. Depuis 2018, cette bourse est réservée aux clubs, de toutes tailles et de tous horizons, dès lors qu’ils sont labélisés par la FFME. »
Depuis sa mise en place, une vingtaine de clubs ont ainsi été lauréats de la bourse multi-activités, pour un budget variant de 5 000 et 10 000 euros chaque année. Un budget doublé en 2017 avec le passage d’un à deux appels à projets lancé chaque année : le premier en avril et le second en octobre, pour encourager la diversité de toutes ses activités et de rester au plus proche des attentes des licenciés.
Puis à l’occasion de la nouvelle olympiade et avec le recul de deux années d’appel à projets, le dispositif évolue encore : alors que les premiers projets soutenus portaient essentiellement sur une initiative de découverte et d’initiation, les projets attendus à partir de 2018 doivent s’étaler sur deux ans et poursuivre un objectif de pérennisation. « La raison d’être de cette bourse est d’enclencher la pratique et d’accompagner les motivations afin que les licenciés puissent expérimenter des activités différentes lors de stages et sorties encadrés par des professionnels ou des bénévoles diplômés, poursuit Françoise Ducoeur. La formation des licenciés est un incontournable pour permettre au club de gagner en autonomie et proposer plus régulièrement certaines activités. Alors, au lieu d’accompagner une simple mise à l’étrier pour développer une nouvelle activité nous avons choisi, à partir de 2018, d’accompagner des projets qui s’engagent sur deux années consécutives, incluant ainsi un temps de formation de quelques adhérents intégrés au projet. »
Le club Alti’Roc, lauréat de la bourse en 2018, est mu par une volonté de faire découvrir l’ensemble des activités de la fédération à ses adhérents. « Nous avons vu, dans cet appel à projets, un moyen de développement de notre offre, assure Franck Mathubert, membre du club à l’initiative du projet. La première année de financement nous a permis de renouveler ou d’initier l’achat d’équipement tels que des raquettes à neige, des coinceurs et friends, tout en continuant de proposer des sorties et séjours qui ont eu un grand succès. La suite de la bourse devait nous permettre de participer au financement des formations de nos bénévoles engagés dans la démarche, principalement celle d’initiateur canyon. Mais la situation sanitaire en 2020 a contraint les organisateurs à remettre cette formation à plus tard. Ce n’est que partie remise. »
Ainsi, les clubs qui postulent doivent présenter un projet novateur pour leurs adhérents, à savoir des activités qui ne sont pas encore proposées au sein du club et y associer une démarche de formation des adhérents pour y pérenniser l’activité. Aujourd’hui, le budget alloué aux clubs lauréats est de 2000 euros, qui permettent d’organiser des sorties, d’acheter du matériel, de financer encadrement et formations.
Le club alençonnais d’escalade, lauréat de la bourse en 2019 avait pour projet de développer l’activité cascade de glace : « Nous sommes un petit noyau dur de personnes vraiment motivées au club par cette activité, assure Alexandre Vivet, président du club normand. Nous avions beaucoup de projets avec cette bourse : du stage à l’accès aux formations fédérales pour assurer l’encadrement en cascade de glace, mais la situation sanitaire nous a limité dans nos actions. Néanmoins, nous nous sommes adaptés avec les moyens du bord pour conserver cette motivation qui nous animait : achat de matériel spécifique et mise en place d’un espace et de créneaux de dry tooling au club. Nous nous sommes donc entraînés et avons pu garder notre motivation intacte. »
Certains autres clubs étaient déjà très investis dans les sorties clubs, mais surtout des sorties sur sites naturels d’escalade, pour eux, la bourse a été un tremplin vers toutes les autres activités de la fédération. C’est le cas de l'ASPALA (Antony). « Nous avions des projets de multi-activités plein la tête, témoigne Thierry Serin, membre de l’ASPALA et initiateur alpinisme et ski-alpinisme. Cet appel à projets nous a permis de concrétiser ses envies. Car pour se présenter, il est nécessaire d’avoir un dossier bien ficelé et donc de plancher sur un projet qui tiennent la route. En 2020, cette bourse nous a donc permis de proposer quatre grands stages entièrement dédiés à la multi-activités et surtout d’investir dans le matériel nécessaire à ces différentes activités. C’est une bonne chose, car maintenant que nous avons le matériel, nous avons envie de continuer, d’autant que les stagiaires ont déjà bien communiqués sur leurs aventures auprès des licenciés et on me demande déjà d’organiser de nouveaux stage. C’est donc un succès pour nous ! »
Pourtant, ces dernières années, peu de clubs candidatent à ces appels à projets. « Pour en faire profiter le plus grand nombre, nous avons besoin que tous les échelons de la fédération communiquent sur les sujets, que les Ligues et les CT nous soutiennent, insiste Françoise Ducoeur, car nous nous rendons compte qu’il existe encore une méconnaissance de ces appels à projets et c’est dommage. »
Pour le CSME (Club des Sports Montagne et Escalade) de Clamart, cette bourse a été une aubaine : « Notre un club a pour vocation d’emmener les gens en extérieur, de leur apprendre l’autonomie, explique Geoffrey Marizy, responsable de la partie alpinisme du CSME. Nous organisons donc des sorties en nature tous les mois, et chaque année, nous emmenons une trentaine de personnes sur un stage grandes voies. Mais depuis quelques temps, nous avions des demandes pour pratiquer l’alpinisme. Le problème c’est que personne n’était formé au sein du club pour la pratique de cette activité et nos salariés n’ont pas les compétences d’encadrement. Passer par des intervenants extérieurs risquait de couter très cher, d’autant que nous avons pour habitude de proposer des activités gratuites. Alors cet appel à projets multi-activités tombait à pic ! Il nous a soutenu dans l'organisation d'un premier stage et m’a permis de commencer à me former pour l’initiateur alpinisme. »
Fort de ces nombreux retours positifs, le groupe de travail en charge du développement de la multi-activités réfléchit aujourd’hui à la mise en place d’une boite à outils à destination des clubs, qui regrouperait partages d’expériences, conseils pour trouver des sources de financement, mise en place d’actions spécifiques pour diversifier les pratiques au sein des clubs, solutions d’accompagnement au montage de projets et de budgets. Un travail de fond qui devrait voir le jour prochainement.
Crédits photos : FFME, Travail graphique : FFME, Orcelia Jane.