L’esprit d’équipe serait à compter parmi les dénominateurs communs de la performance, même dans un sport individuel comme l’escalade. Se sentir poussé par le groupe n’a pas de prix lorsqu’on est seul face au mur. Une dynamique qui se travaille au quotidien, dans les entraînements et au cœur de la compétition. Témoignages.
Daniel Du Lac : « J’ai pris la gestion de l’équipe de France de bloc en novembre 2017. Ma priorité fut de rebâtir et structurer ce groupe en manque de résultats. Créer une dynamique interne, mélangeant les genres, les âges, les forces, etc, pour stimuler les apprentissages, favoriser l’inspiration et la transmission et développer la détermination. Il a alors fallu gagner la confiance des athlètes, en proposant des actions concrètes et surtout en les écoutant pour considérer au mieux les besoins de chacun. La pédagogie systémique m’a beaucoup guidé. Nous avons beaucoup fonctionné en trinômes et petits groupes pour valoriser la performance et le travail en équipe. Puis nous avons instauré des notions de respect au sein de l’équipe : apprécier la valeur de ses concurrents, respecter l’autorité des juges, faire preuve de tolérance, d’humilité et de partage. »
Mélanie Sandoz : « Cette année, j’ai ressenti du partage, de l’émulation positive et de l’entraide dans cette équipe de France de bloc. Sur les stages comme en compétition, la réussite des uns stimule les autres. Tout le monde s’encourage sincèrement. Ça n’a pas toujours été le cas. J’ai vraiment la sensation que chacun a envie que les autres réussissent. C’est vraiment appréciable. »
Nicolas Pelorson : « Ce groupe est vraiment agréable. J’y ressens une belle sincérité. Que ce soit à l’entraînement, où nous partageons nos ressentis dans des blocs durs pour que chacun puisse en trouver la solution ou en compétition. On y sent le groupe qui nous soutient, à chaque problème. »
Flavy Cohaut : « L’année dernière, pour ma première saison à l’international, en tant que cadette première année, je me rappelle qu’ils avaient vraiment tous bien pris soin de moi. Cette année, je suis un peu moins au centre des attentions, mais j’ai vraiment la sensation de faire partie du groupe. Les entraînements en commun sont riches de partage, que l’on reproduit à l’échauffement en compétition. »
Alban Levier : « Micka, Manu et moi grimpons depuis longtemps ensemble. Je trouve toujours intéressant de faire quelques séances pendant les voyages, car nous identifions immédiatement ce qui va, ou ne va pas, chez l'autre. Les à-côtés sont riches également. C’est seulement au moment du repas que les choses peuvent se gâter : quand Manu veut manger un Mc Do, que Micka préfère de la protéine de Bison et que Fanny souhaiterait des pousses de Soja. Bref, comme toute équipe, nous avons des hauts et des bas, mais dans les moments forts, nous savons rester présents les uns pour les autres. »
Camille Faille : « Pour ma part, c’est toujours une joie de partir avec cette équipe, qui s’est bien étoffée côté femmes. Les grimpeuses françaises de bloc ont fait de gros efforts ces dernières années pour s'entraîner correctement. Elles ont fait preuve de beaucoup de sérieux, peut-être plus que les garçons je trouve. Les sélections de début de saison ont récompensé nos efforts. Les résultats réguliers de Fanny nous motivent, même si la plupart d’entre nous manquons d'expérience sur le circuit mondial. »
Micka Mawem : « Nous nous connaissons depuis un moment en tant que grimpeurs et donc nous savons vivre ensemble. Sur les compétitions, on sait se soutenir à fond tant qu’on est dans le public. Mais quand on se retrouve sur le mur, chacun s'occupe de soi. L’escalade reste un sport individuel. »
Charlotte Andre : « Pour être honnête, j’avais un peu peur que la vie au sein de l’équipe de France soit vraiment différente de l’équipe jeune où la cohésion est très forte. Pour cette première saison avec les séniors, je dois avouer que j’ai vraiment été bien « accueillie ». Je ne connaissais pas grand monde personnellement, mais tous ont été attentionnés. En compétition comme en stage : grimper avec des filles aussi fortes et dans la bonne humeur, ça ne peut que nous tirer vers le haut ! »
Fanny Gibert : « L’esprit d’équipe dans un sport individuel, c’est toujours un peu compliqué car finalement nos partenaires d'entraînement ou de voyage deviennent des adversaires le jour de la compétition. Cela fait maintenant quelques années que j’y suis et je trouve que l’ambiance au sein de cette équipe de France sénior s'est améliorée. Elle s’améliore même chaque année un peu plus. Aujourd’hui, l'émulation y est très bonne et vraiment saine. Les filles de l’équipe sont très cool, incroyablement motivées et particulièrement motivantes. Sur les premières étapes, nous nous sommes vraiment toutes bien entendues et elles m’ont manqué au Japon et aux US. J’ai hâte de les retrouver à Munich. »
Manu Cornu : « L’ambiance est bonne au sein de cette équipe de France. Tout le monde s’encourage et s’entraide. De fait, c’est facile de vivre avec le groupe même si je suis plutôt un solitaire. »
Daniel Du Lac : « Je suis convaincu que nous devons fonctionner ensemble et en confiance pour construire cette équipe. Avec l’idée que l’expérience et le regard des grimpeurs soient au service des entraîneurs, et réciproquement. Cette année, j’ai mis en place de nombreux outils pour créer un groupe qui se veut refuge. Une équipe structurante, solidaire et forte pour que l’identité propre à chaque individu s’exprime à 100% le moment venu. Les choses se mettent en place. Rendez-vous à Innsbruck. »
Crédits photos : FFME/Marc Daviet