En avril dernier et à seulement 25 ans, Axelle Mollaret remportait son premier globe de cristal. Un trophée récompensant les deux meilleurs athlètes, femme et homme, sur une saison de Coupe du monde. Une victoire au long cours, témoin d’une régularité et d’une persévérance sans faille. Retour sur une préparation de longue haleine et sur la meilleure saison de sa jeune carrière.
« J’avais été mise en confiance, une semaine auparavant, lors de ma victoire sur la vertical race en Andorre. Mon chrono y était vraiment très bon comparé aux années précédentes sur la même course. J’ai alors compris que j’avais gravi une nouvelle marche. »
« Mais je crois que l’élément déclencheur a été ma victoire sur la course individuelle à Puy Saint Vincent, à l’occasion de la 4e étape de la Coupe du monde. Cette course, des plus somptueuses, était également particulièrement technique et très exigeante. Gagner sur une course comme ça, avec l’avance confortable que j’avais pris sur toutes mes concurrentes, m’a semblé presque incroyable. Puis comme pour enfoncer le clou, le lendemain, je réalise le doublé en remportant la vertical race. Cette étape, de surcroit à domicile, a réellement enclenché quelque chose de nouveau chez moi : la victoire était maintenant possible. »
Pourtant, au début de l’hiver, rien ne présageait une saison en grâce pour Axelle Mollaret. Le 5 août dernier, alors qu’elle s’entraîne à vélo, l’Arêchoise est percutée par une voiture. Le bilan est sans appel : fracture du bassin. En bonne kinésithérapeute, l’athlète comprend vite ce qui l’attend. Les temps de récupération pour ce type de blessure, elle les connait par cœur. « J’ai donc mis ma saison estivale de course en montagne de côté et j’ai vraiment pris le temps de me remettre pour m’assurer de pouvoir faire une bonne saison d’hiver. Dès ma reprise, il a alors fallu réorganiser complètement ma préparation. Mon métier me permet d’avoir une bonne vision des choses en matière d’entraînement. Bien que je sois suivie par un coach, je reste très investie dans ma préparation et je m’applique à rester totalement en phase avec mes ressentis. »
Néanmoins, à l’automne, le constat d’un volume foncier significativement inférieur aux années précédentes inquiète Axelle Mollaret. « Le début d’hiver s’est avéré compliqué. Mes premiers chronos de sélection pour la première étape de la Coupe du monde en Chine, en novembre, n’étaient vraiment pas encourageants. Je n’ai d’ailleurs pas eu de bonnes sensations au cours de cette épreuve en Chine. J’ai donc eu un peu de mal à me mettre en route. Ce n’est qu’à partir de fin décembre, que j’ai commencé à retrouver de bonnes sensations. Mon ressenti sur les skis était satisfaisant. Et mes temps bien meilleurs. » La championne comprend qu’elle a rattrapé son retard et qu’elle a même continué sa progression.
Cette pause estivale pour blessure aurait-elle joué sur sa grande forme cet hiver ?
« Je ne pense pas, car mes temps sur des courses de référence descendent de manière régulière au fil des saisons, affirme Axelle Mollaret. Et cette année, j’ai vraiment la sensation d’avoir fait un bond en avant. Déjà en début d’été, avant ma blessure, j’avais d’excellents résultats sur mes courses à pieds. » Et puis cet hiver, la Française s’est aussi offerte un peu plus de confort vis-à-vis de son travail, en réduisant ses heures au cabinet. Un choix qui s’est révélé efficace dans l’optimisation de ses entraînements et de ses temps de récupération.
De meilleures conditions d’entraînement, mais également une meilleure ambiance au sein du groupe France ont pesé dans la balance de cette riche saison. « Nous avons vécu une belle saison de groupe cet hiver. Suite à une volonté des entraîneurs nationaux du ski-alpinisme de rassembler les équipes de France jeune et senior, j’ai redécouvert la solidarité et l’émulation positive. Moi qui avais tendance à être dans mon monde, j’ai vraiment eu la sensation de m’ouvrir aux autres, ça m’a fait beaucoup de bien. » Sa régularité au plus haut niveau, Axelle Mollaret la doit également à la stabilité de sa vie quotidienne. Une vie qu’elle partage avec Xavier Gachet, athlète de l’équipe de France de ski-alpinisme lui aussi, à Arêches. « Ce couple nous nourrit tous les deux. C’est pratique d’avoir le même calendrier, de préparer les mêmes objectifs, été comme hiver. Nous nous comprenons parfaitement et nous soutenons. Pour les déplacements, le matériel ou l’organisation de notre vie, c’est vraiment confortable. Cela dit, nous ne nous entraînons que très rarement ensemble, le niveau n’est pas le même. »
S’il fallait un bilan, ce ne serait non pas celui d’une année de sacre, mais bien celui de longues saisons d’entraînement et de passion. Car la montagne, Axelle Mollaret la pratique depuis qu’elle est en âge de marcher. Née à Annecy, elle découvre enfant les sports de montagne avec ses parents. Le ski-alpinisme la séduit très vite et la jeune Axelle Mollaret ne quitte plus ses peaux de phoques. Médaillée sur les Championnats de France junior en 2010, elle s’offre sa première sélection pour un Championnats du monde. En huit petites années, l'athlète gravit les échelons de la discipline un à un, de ses premières grandes compétitions chez les jeunes, jusqu’à atteindre le sommet mondial cette année. Mais avant de prendre les rênes du ski-alpinisme mondial cette saison, Axelle Mollaret a pu compter sur sa compatriote Laetitia Roux pour montrer la voie. L’athlète la plus médaillée de l'histoire du ski-alpinisme cumule aujourd’hui près de 17 titres de Championne du monde et huit Globes de cristal. Le pas qu'a passé Axelle Mollaret cette année incombe aussi à l'exemplarité sans faille dont fait preuve Laetitia Roux depuis ses débuts. Et au modèle qu’elle continue à incarner pour les meilleures skieuses du monde.
Les deux Françaises se côtoient depuis longtemps. Coéquipières parfois, comme sur différents Championnats du monde par équipe ou sur plusieurs étapes de la Grande Course. Concurrentes souvent, sur la plupart des manches du circuit de Coupe du monde. Ces deux-là ont beaucoup couru ensemble. Pour se départager à la tête du ski-alpinisme mondial ou pour aller ensemble vers les sommets de leur sport. Et on ne peut que souhaiter qu’elles continuent à porter très haut les couleurs de la France sur le circuit, pendant quelques années encore.
« Cette saison a néanmoins été bien éprouvante. J’ai vraiment fini épuisée, et je n’aurais sincèrement pas été capable de faire une course de plus. La Patrouille des glaciers fut une véritable épreuve pour moi. Alors maintenant, vacances ! »
Axelle Mollaret
Trois semaines de vacances pour la meilleure skieuse de l’année, ça veut surtout dire : « Pas de travail, ni d’entraînement. Même si en hiver je ne travaille pas beaucoup, du fait de mes nombreux déplacements en compétition, je ne m’arrête jamais vraiment. Je dois garder la tête à ce que je fais, au travail, tout en restant concentrée sur le ski. Alors, les vacances sont vraiment des vacances complètes, pour le corps et le mental. Nous partons deux semaines avec Xavier aux USA. »
Au programme, quelques belles randonnées, bien sûr, et des tours en vélo. « Juste un peu d’endurance, mais sans chronomètre, ni objectif d’entraînement. » Et puis, la saison d’été se profilera pour Axelle Mollaret. De nouveaux défis en trail, avant de retrouver la neige, les skis et l’équipe de France de ski-alpinisme.
Crédits photos : FFME, ISMF, Rémi Fabrègue.