Nichée au cœur des Pyrénées-Atlantiques, à la frontière entre le Pays Basque et le Béarn, la falaise d’Arguibelle présente une crête de calcaire de 800m de long, entièrement dédiée à l’escalade. Plus de 300 voies, dont l’éventail de difficulté varie de 3 à 8c+, s’offrent ainsi aux grimpeurs. Mais ce qui fait aujourd’hui la particularité de ce site naturel d’escalade, c’est sa gestion multi-partenariale exemplaire, menée par un Comité Territorial 64 (CT64) métamorphosé, dans la lignée de la politique fédérale en matière de gestion des falaises. Explications.
« Arguibelle est à l’image de la révolution intellectuelle et structurelle que nous avons vécue au sein du CT 64 le temps de cette dernière olympiade. Notre CT s’est transformé en un établissement qui est devenu l’opérateur technique identifié des collectivités, des offices de tourisme et des associations environnementales pour développer notre discipline, confie Jean-Baptiste Goemare, conseiller technique fédéral en charge du développement sportif territorial du CT 64. Car aujourd’hui, au niveau local, l’escalade en site naturel est un vrai levier de développement du territoire. »
Depuis quatre ans, le travail du CT s’est en effet axé sur la remise en état et en sécurité des sites naturels d’escalade du département, soit une trentaine de sites sportifs. « Ainsi, les projets partagés entre différents acteurs nous ont conduits naturellement à anticiper le nouveau schéma contractuel d’entretien et de maintenance des sites naturels d’escalade de la FFME, qui représente une solution viable pour tous », témoigne Jean-Louis Aranjo, Président du CT64.
Pour ce faire, le CT 64 a choisi de s’investir au travers de trois piliers fondamentaux :
Il s’est donc axé d’une part sur la formation fédérale des cadres, avec la mise en place d’un cursus annuel d’équipeur en falaise, afin que les grimpeurs licenciés puissent évoluer en autonomie et en compétences. Certains ont ainsi pu par la suite soutenir l’équipeur référent de quelques sites naturels. Il en résulte un maillage actif de veille des équipements qui permet, à ce jour, de répondre à la mission première du CT qui reste la sécurité des sites de pratique.
« Puis, nous nous sommes aperçus que cette sécurisation, et donc cette valorisation des sites d’escalade, avait considérablement dynamisé nos espaces ruraux de montagne. Une plus-value touristique qui nous a rapproché des offices du tourisme, des communes, du département et des associations environnementales telles que la LPO, poursuit Jean-Baptiste Goemare. Aujourd’hui, nous entretenons une collaboration active, efficace et surtout vertueuse avec tous ces partenaires. »
Le projet de rééquipement et d’aménagement de la falaise d’Arguibelle est une des plus belles illustrations du fonctionnement du CT 64. Cette falaise historique bénéficiait d’une convention avec le CT depuis le 6 décembre 1999. Mais, il y a six ans, sous l’impulsion du CT 64, la falaise est inscrite à la commission départementale pour un projet de revitalisation du territoire. Commence alors pour le CT, une phase opérationnelle d’envergure, qui mobilise l’ensemble des acteurs locaux.
« La revalorisation de cette falaise, un projet de 70 000 euros financé à 50% par le SIVU de Haut-Soule Barétous et 50% par le département dans le cadre du Plan départemental des espaces sites et itinéraires (PDESI) a permis au CT de fédérer un syndicat d’initiative, deux communes, le département et la LPO, afin de travailler sur un plan quinquennal de gestion et d’aménagement de cette falaise. »
Ainsi, un secteur d’initiation et de découverte a été imaginé, impliquant un travail d’aménagement et d’accessibilité du sentier orienté sur la valorisation environnementale et patrimoniale. Ce secteur abritant un percnoptère d’Égypte et des faucons pèlerins, une animation pédagogique autour de la faune locale a été imaginée (bornes quadri-rotatives, scénographies verticales, illustrations, détails atypiques, etc.).
« Je dois avouer que le travail de documentation, d’information et d’accompagnement de la FFME nous a été particulièrement précieux dans nos démarches. Nous n’avions plus qu’à présenter l’état d’esprit qui anime ce partage des responsabilités, dans lequel nous avons tous à gagner », confie René Marsan, référent départemental du CT en charge des relations juridiques et contractuelles avec les partenaires locaux.
La coopération avec la LPO, voilà également un des points forts du projet, en témoigne la création d’une Charte entre l’association et la fédération pour le suivi et la communication autour des espèces rupestres qui nichent dans les falaises. « A l’instar des membres de la LPO, nos équipeurs et nos grimpeurs sont des observateurs de terrain qui font remonter les informations concernant les nidifications. Des informations qui peuvent nous amener à fermer une falaise pour une durée déterminée. Le CT se charge alors de transmettre cette information auprès des collectivités et des clubs », développe Jean-Michel Larricq, correspondant départemental dans le Barétous et référent régional des SNE.
Dans le but de renforcer l’empreinte territoriale de la fédération dans cette mise en œuvre harmonieuse du projet, un club est né à l’initiative de quelques passionnés locaux. « L’ASB Escalade est le fruit d’une poignée de grimpeurs qui souhaitent promouvoir le pratique de l’escalade en extérieur et défendre des sites en état pour l’accueil des publics », souligne Laurence Lagrave, présidente de l’ASB Escalade.
Par ailleurs, cet été, l’équipe du RAP (Roc aventure programme) de la FFME a également mis la main à la pâte pour la mise au norme du site, notamment pour le remplacement des broches bis.
Fort de son expertise, le CT 64 se lance aujourd’hui dans un projet de taille : travailler à l’échelle de l’intercommunalité et du département. « Notre objectif, dans les deux ans, serait de pouvoir unifier ce Plan local d’escalade que nous avons mis en place avec ces différents partenaires. Uniformiser les contrats de gestion et d’entretien pour commencer à travailler sur des contrats d’objectifs avec de nouveaux partenaires : les communautés de communes et le département des Pyrénées-Atlantiques », conclut Jean-Louis Aranjo, Président du CT64.
La gestion de la falaises d'Arguibelle représente ainsi un modèle équilibré où chaque partenaire est indispensable pour le bon fonctionnement de l'ensemble : un comité territorial qui joue le rôle de chef d’orchestre, et qui assure la sécurité des équipements et l'entretien du site en investissant les clubs, les équipeurs et les grimpeurs locaux ; les communes de Lanne-en-Barétous et Montory qui prennent à leur charge la responsabilité juridique du site ; le syndicat d'initiative et le département des Pyrénées-Atlantiques, qui financent le réaménagement de la falaise ; sans oublier l’étroite collaboration avec la LPO, pour la protection des espèces rupestres locales, qui confère à l’ensemble une dimension de parfaite intégration dans l’écosystème local. Une machine bien huilée au service de tous les grimpeurs, licenciés ou non !
Crédits photos : Gael Bouquet des Chaux/FFME, CT 64, LPO
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